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Les étonnantes dunes littorales de la Pologne


Les photographies de la campagne polonaise montrent généralement des étendues verdoyantes parsemées de fermes, de champs et de forêts bien arrosés. Mais saviez-vous que la Pologne possède aussi un incroyable paysage de dunes onduleuses blanches visibles même de l’espace ? Confinée en bordure de la Baltique, cette bande de 18 kilomètres de long aux allures de désert constitue l’une des particularités les plus célèbres du parc national de Slovinie.

Là, selon un ouvrage de référence, “ mer, lacs, rivières, dunes, forêts, tourbières et prairies se juxtaposent pour former une mosaïque changeante de décors [...]. C’est le seul endroit [de la planète] où des dunes empiètent sur les lacs et les forêts ”. Ce mariage d’étangs et de dunes mouvantes (appelées dunes blanches ou collines blanches) est unique sur le continent européen.

Ces énormes buttes de sable blanc et jaune forment la plus grande région dunaire d’Europe (environ 500 hectares) qui ne soit pas stabilisée par la végétation. Le symbole officiel du parc est d’ailleurs approprié, car il s’agit d’un goéland argenté qui s’élance au-dessus d’une dune jaune et des eaux bleues.



Le parc national de Slovinie
Situé entre Łeba et Rowy, villes du centre du littoral polonais, ce parc doit son nom à la tribu kachoube des Slovines, un peuple slave qui occupa la région jusque vers la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Il a été inauguré en 1967 et classé Réserve mondiale de la Biosphère en 1977. D’une superficie d’environ 19 000 hectares, il est pour moitié couvert d’eau, le reste étant composé de forêts (25 %), de plages et de dunes (5 %), de marais et de landes (8 %) ainsi que de prairies et de pâtures (8 %).


Le parc compte également des “ dunes grises ”, moins spectaculaires, plus nombreuses et plus vieilles que leurs “ sœurs ”. Elles sont envahies d’herbe et d’arbres qui non seulement contribuent à la formation du sol, mais aussi stabilisent le sable en l’immobilisant et l’abritent des éléments. Parmi ces dunes grises figure celle de Czołpino, qui, du haut de ses 55 mètres, a la distinction d’être la plus grande du parc.

Lorsque les touristes voient ces amas de sable, surtout l’immensité des dunes mouvantes blanches, beaucoup se demandent tout naturellement : “ D’où vient ce sable ? Et pourquoi s’est-il accumulé en si grande quantité sur cette partie relativement petite de la côte balte ? ”

La naissance des dunesMême si les spécialistes n’ont pas de réponse certaine à ces questions, des faits indiquent que l’activité humaine a joué un rôle dans la formation des dunes. Quoi qu’il en soit, c’est la conclusion à laquelle sont parvenus des scientifiques en étudiant le pollen conservé dans les strates du sol, le “ sol fossile ”, du parc. Ils ont découvert que la région était autrefois couverte de bois, principalement de chênes. Alors, pourquoi le paysage a-t-il radicalement changé ?

On pense qu’avant notre ère les tribus qui occupaient la région ont été responsables d’incendies qui ont ravagé de vastes étendues de forêts côtières. “ Les sables, auparavant stabilisés par les forêts, se sont mis à bouger ”, lit-on dans Le parc national de Slovinie (pol.). Toutefois, d’après les traces de pollen, la forêt serait réapparue, d’abord peuplée de hêtres, et plus tard de pins.

Mais au cours du Moyen Âge, pour une raison inconnue, les dunes ont été tirées de leur sommeil et se sont remises à bouger. Au XVIe siècle, elles ont même failli ensevelir l’ancienne ville de Łeba. Les habitants ont immédiatement réagi en construisant une autre ville, loin de la zone à risque, mais ils n’ont fait qu’aggraver la situation. Le livre précité explique : “ La construction de la ville et du port a entraîné l’abattage d’innombrables arbres, mais personne ne semblait en prévoir les conséquences. ” À cause de cette déforestation, poursuit le livre, “ les dunes se sont déplacées comme jamais auparavant ”. Avançant de trois à dix mètres par an, elles ont englouti villages, champs, prairies et même forêts.

D’où le sable est-il venu ?Les hommes ont peut-être une part de responsabilité dans le changement du paysage, mais ce ne sont pas eux qui ont apporté le sable. D’où venait-il donc ? Le processus continue-t-il ? Les réponses à ces questions pourraient bien être révélatrices de l’avenir du parc.


D’après des chercheurs, une partie du sable proviendrait des alluvions continentales que les cours d’eau charrient jusqu’à la mer. Le sable pourrait également être le produit de l’abrasion, c’est-à-dire de l’érosion des falaises par le battage continuel des vagues. Par exemple, à un certain endroit du littoral balte, les vagues déferlent à un angle de 45° sur le rivage. Elles rongent progressivement la façade rocheuse et emportent le sable, qui s’accumule au fond de la mer.

Par un processus qu’on ne comprend pas bien encore, la conjugaison des courants océaniques et des vagues entraîne une partie de ce sable précisément à quelques encablures du parc national, où il forme parallèlement au littoral de longues barres et des hauts-fonds. Sous l’action des courants côtiers et des vagues, le sable est ensuite progressivement amené sur la plage. Il est désormais à la merci du soleil qui le sèche et du vent qui l’emporte dans les terres. Là se sculptent plusieurs rides parallèles qui grossissent à mesure que le sable est poussé par le vent d’une ride à l’autre, jusqu’à constituer les dunes blanches.

Des lacs voisins du “ désert ”
Lac Łebsko.
Cela dit, le parc national de Slovinie est loin d’être un désert inhabité. Au contraire, c’est un havre grouillant de vie où l’eau coule en abondance. Les dunes et les plages ne représentent qu’environ 5 % de la superficie du parc ; les rivières, les ruisseaux et les lacs près de 55 %.

Le lac Łebsko, d’une surface de 71 kilomètres carrés et d’une profondeur maximale de 6 mètres, est le plus grand du parc. Il est alimenté par la Łeba, le fleuve le plus important. Le deuxième lac le plus grand est le Gardno, dans lequel se jette la Łupawa. Les alentours étant sablonneux et instables, les rives de ces deux lacs se redessinent perpétuellement.


Sterne.
Un sanctuaire pour la flore et la fauneLes lacs, les rivières et les ruisseaux s’ajoutent aux trois habitats principaux du parc : les dunes, les landes et les pinèdes. Ces milieux contrastés totalisent près de 900 espèces de plantes vasculaires, dont des orchidées. L’une des plantes les plus résistantes et les plus précieuses pour l’environnement est l’oyat, appelé aussi roseau des sables, qui est généralement le premier végétal à coloniser les dunes. Son rhizome écailleux, qui s’étale parfois sur 15 mètres, porte de nombreuses pousses qui forment des touffes en surface. Ainsi l’oyat “ arrime ” et stabilise les dunes, après quoi d’autres plantes peuvent s’enraciner et pousser.


Situé sur une route migratoire aviaire, le parc national de Slovinie pullule d’oiseaux. Quelque 260 espèces, représentant environ 70 % des espèces présentes en Pologne, y ont élu domicile ou s’y arrêtent pendant leur migration. Parmi les oiseaux marins on retrouve des mouettes rieuses, des sternes, des grèbes huppés, des colverts, des cygnes ainsi que des grands harles, canards facilement reconnaissables à leur “ houppette ”. On y voit également des grands ducs d’Europe, des aigles royaux, des aigles pomarins, des aigles pêcheurs et des grands corbeaux. Si vous avez l’œil aux aguets et que vous marchiez sans bruit, vous aurez peut-être la chance d’observer certains des mammifères résidants du parc : cerfs, chevreuils, sangliers, lièvres et chiens viverrins, des cousins des renards.

Le paradis des randonneursLa randonnée étant la seule forme de tourisme autorisée, le parc est doté de 140 kilomètres de sentiers pédestres, qui vous emmènent progressivement d’un habitat à un autre : forêts de conifères ; dunes grises, prairies, landes et marais ; lacs avec observatoires et tours de guet ; dunes blanches ; dunes de façade ; et pour finir des kilomètres de plages de sable blanc.

L’automne ou l’hiver offrent aux visiteurs du parc le spectacle des dunes ébouriffées par les vents forts qui arrachent à leurs crêtes des aigrettes de sable, comme des embruns aux vagues océanes. On dirait que les dunes fument. Ce “ ballet ” est sonorisé, car les millions de particules de sable qui s’entrechoquent donnent l’impression que les dunes chantonnent.

Ce parc aux atouts naturels nombreux et stupéfiants attire chaque année quelque 800 000 visiteurs. Nul doute que nombre d’entre eux cherchent à fuir le tumulte de la ville et à trouver une thérapie naturelle pour des nerfs à vif dans le calme de la forêt, la rumeur apaisante de la houle et le cri solitaire de la mouette.

En hiver, on dirait que les dunes fument quand les vents forts soulèvent des aigrettes de sable.
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