Accéder au contenu principal

CLASSE MOYENNE EN HAITI

Par Frantz C.

Depuis 1946, année au cours de laquelle il y eu une passation de pouvoir des mulâtres appartenant à la classe favorisée à une élite noire faisant partie de l’intelligentsia haïtienne, l’on se plait à parler de classe moyenne au pouvoir. Et cette idée continuait à hanter l’esprit de nos dirigeants jusqu’au jour où une famille qui se dit appartenir à la classe moyenne fit main mise sur le pouvoir pour ne le remettre que 28 ans plus tard.
D’aucuns se plaisent à vouloir être de la classe moyenne sans essayer de les localiser à partir de leur niveau de vie. Il serait bon une fois pour toutes de faire la lumière sur la définition exacte de la classe moyenne de façon à enlever tout point d’ombre pour tous ceux qui se croient faire partie prenante de cette classe moyenne.
La ou les classes moyenne(s) forme(nt) une classe sociale hétérogène de populations définies en partie par leur niveau de vie, situées au dessus des classes pauvres et en dessous des classes aisées, Si l’on tient compte d'Haïti on peut parler de plusieurs classes moyennes dans la classe moyenne qui se subdivisent comme suit:
-Classe moyenne supérieure
-Classe moyenne intermédiaire
-Classe moyenne inférieure

Si certaines professions en Haïti sont caractéristiques des classes moyennes, d’autres par contre sont associées aux classes aisées par simple héritage sans que les acteurs aient en leur possession des diplômes ou autres. En Haïti certains noms de famille sont systématiquement caractéristiques de la classe bourgeoise et ces familles s’arrangent de sorte qu’aucun intrus ne vienne s’immiscer en leur sein car l’héritage bourgeois ne doit pas subir de fragmentations dues à l’intrusion d’une espèce étrangère.
Pour ceux qui, sortant de la classe moyenne, se croient brûler l’étape de la bourgeoisie, ils ont payé très cher leur illusion de ne pas avoir compris que la bourgeoisie de naissance forme un bloc monolithique qu’il est très difficile de comprimer sous l’action des charges extérieures provenant de la classe moyenne. Par contre les sollicitations extérieures de la bourgeoisie sont seulement de nature à utiliser les forces agissantes de la classe moyenne pour rendre beaucoup plus consistante leur base économique.
Dans la classe moyenne supérieure on trouve des cadres supérieurs de l’administration, des professionnelles intellectuelles supérieures.
Dans la classe moyenne intermédiaire on trouve des professions libérales et une partie d’employés
Dans la classe moyenne inférieure on rencontre des travailleurs sociaux et des professions intermédiaires.
On a le sentiment d’appartenir à une classe sociale et situation par rapport à son emploi. En Haïti, parler de la classe à laquelle on appartient n’est pas chose facile sinon d’accepter de vivre une situation qui tantôt vous balance dans une forme de classe moyenne tantôt dans une autre forme. Le fait que ce soit au pluriel souligne l’hétérogénéité des gens appartenant à cette classe.
Cette subdivision de la classe moyenne donne un éventail de conditions de vie très différentes rencontrées. En effet, si l’appartenance à une classe moyenne est perçue seulement sur la base de salaire, l’existence même de cette classe moyenne peut être remise en cause car selon le sociologue Jean Lojkine les personnes considérées comme faisant partie des classes moyennes appartiendraient en fait au prolétariat. Cependant nombre de gens se réclament de cette classe parce qu’elle permet l’accès à la consommation des masses sans avoir la culpabilité de la classe possédante.
D’après l’économiste Alain Lipietz l’intrusion à la classe moyenne peut être réalisée par le haut ou par le bas selon que l’on ne se considère pas d’entrée de jeu comme petit bourgeois ou selon que l’ascension à la classe moyenne se fait suivant un processus normal d’étape à étape.
L’Haïti moyenne diffère quelque peu de L’Haïti prolétaire en raison d’une instabilité chronique de la classe moyenne dont les gens ne peuvent pas bénéficier d’une augmentation de revenus et sont presque condamnés à vivre leur vie en dessous du seuil de tolérance admise. Haïti est le seul pays où un technicien libéral après avoir bouclé la boucle de ses années de travail se trouve dans l’impossibilité de satisfaire ses besoins primaires. Passer d’une classe à une autre devrait constituer une promotion sociale pour le professionnel, malheureusement on ne fait pas suffisamment cas du mode de vie du technicien retraité. Celui-ci qui n’a jamais pu bénéficier de certains avantages sociaux tels que: assurances maladie, assurance vie et autres pendant sa période d’activités se trouve rétrograder à la classe défavorisée car l’argent de sa retraite ne représente qu’une fraction infime de ce qu’il utilise en temps normal.
La Révolution de 1946 qui a porté des éléments de masses au pouvoir, pardon des éléments de la classe moyenne n’a pas été faite au profit d’Haïti toute entière mais seulement au bénéfice d’une classe d’hommes qui ont su tirer leurs épingles du jeu en dilapidant les caisses de l’état pour devenir des nouveaux riches. Leur intrusion par le haut à une classe privilégiée leur confère un statut de petits bourgeois sans scrupule. La classe bourgeoise a toujours été une classe exploitante qui bénéficie des faveurs de tous les gouvernements en place pour mieux asseoir sa base économique. Cette classe peut user de tous les moyens diaboliques en faisant de la corruption son cheval de bataille. En se laissant prendre à leur jeu nos éléments de masse oublient qu’ils ne pourront jamais accéder à la classe bourgeoise pour n’avoir jamais eu dès la naissance ce sentiment d’appartenance. De plus, la classe privilégiée qu’ils se sont créée ne s’apparentera jamais à la classe bourgeoise qui s’est bien structurée et qui ne leur laissera aucune possibilité d’infiltration. Quelle honte!
Tout le monde aurait aimé se faire une place au soleil car c’est vraiment beau de jouir sa vie dans les limites de l’intolérable. Mais se tirer d’affaires au détriment de la classe défavorisée qui sert de tremplin à une classe dite privilégiée est un crime abominable.
Que peut-on dire de ces 2 classes: Classe bourgeoise et classe privilégiée?
La première est la classe possédante et exploitante
La deuxième est seulement la classe exploitante qui, à cause de son atout politique, s’appuie sur les dictées de la première pour enfouir davantage la classe défavorisée.
Si 1946 est considérée par certains comme une révolution faite au profit de la masse, il n’en demeure pas moins qu’elle est seulement profitable à une classe d’hommes qui se disent appartenir à la classe moyenne et qui ont fait et continué à faire le malheur de ce pays. A notre humble avis il existe deux (2) seules classes auxquelles on a le sentiment d’appartenir:
La classe bourgeoise pour les vrais riches
La classe défavorisée pour les démunis.
Frantz C.

Visitez nos commanditaires, profitez de leurs offres stimulantes et compétitives. Faites-nous connaître vos marchands préférés et nous les ajouterons à notre liste.
Ne soyez pas timide! Notre public est friand de vos connaissances, vos secrets et vos pensées. Affichez vos messages et commentaires directement sur le blog ou envoyez-les à majolie@aucoindemajolie.com

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

"Cahier-Haiti", nouvelle anthologie de la poésie haitienne

La nouvelle anthologie de la poésie haitienne, appelé "Cahier-Haiti", parue chez “Le Chasseur Abstrait" a été présentée au grand salon du livre en mars denier à Paris, où elle a eu un succès indéniable. par James Noël et Rodney Saint-Éloi Cette vaste publication, considérée par plus d’uns comme une mine d’or de la littérature haitienne contemporaine a eu comme maitre-d’oeuvre, le poète Fred Edson et James Noël. Appréciez la Postface de ce dernier, écrite avec la complicité du poète-éditeur Rodney Saint-Eloi. « Fondamentalement, la vie est tension » Frankétienne Cette anthologie a cela de très particulier en ce qu’elle rassemble à la fois un certain nombre de peintres et un nombre certain de poètes. Une union libre étalée sur plus de six cents pages, avec une soixantaine d’artistes parachutés de trois générations différentes. Une tentative de concilier aujourd’hui deux formes d’art, qui étaient pourtant si liées. On se rappelle au début du Centre d’Art en Haïti dans les a

MISSIONARY FLIGHTS INTERNATIONAL AU SECOURS DES RESCAPES DE L’APOCALYPSE HAÏTIENNE

 Nombreux sont les amis d'Haïti  de partout à travers le monde qui continuent assidûment à faire dons de leurs efforts, leur temps, leur argent pour aider les miraculés du cataclysme du 12 février 2010. Partout, on effectue des collectes de fonds, de fournitures médicales, d’eau, de nourritures… Les écoles, banques et entreprises privées américaines ouvrent leur porte comme point de donation pour faciliter ceux qui veulent aider. Les médecins, infirmiers et autres corps médicaux volontaires se rendent par centaines dans la capitale estropiée pour apporter leur expertise. L’Amérique et le reste du monde font preuve d’une sensibilité inouïe face à la souffrance de nos frères, sœurs et enfants haïtiens. Et pour cela nous ne cesserons jamais de les remercier. Deux semaines après le désastre, je me suis rendue, au local de Missionary Flights International un organisme privé sans but lucratif offrant un service aéronautique pour des missions chrétiennes en service en Haïti, la Républ

A QUOI JOUENT LES HOMMES?

Le jeu hante la vie des hommes depuis la nuit des temps. Il y a ceux qui parient, ceux qui font parier les autres, sans qu'on puisse savoir lesquels perdent le plus, lesquels sont les plus fous, et à quoi ils jouent, en vérité. Pour tenter de répondre à ce mystère, Christophe Donner plonge au cœur du XIXième siècle, à la naissance de la société de loisir, lorsque l'ancestrale passion du jeu s'empare des courses hippiques. Surgissent deux hommes d'affaires de génie, Joseph Oller et Albert Chauvin, qui se livrent une bataille sans merci en amassant une immense fortune. Dans cette fresque post balzacienne, on croise quelques grandes figures de l'époque, Lord Seymour et Eugène Sue, Henri Rochefort et les frères Rothschild, mais aussi la Goulue, Toulouse Lautrec, Emile Zola, jusqu'à Marcel Boussac et Monsieur X. Voici le grand roman sur le jeu, un jeu qui aura résisté aux guerres, aux révolutions et aux modes, que l'on peut voir comme un vice, un délire, un p