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La colère, ce mal qui ronge notre société




Au foyer, la colère fait rage. La porte d’entrée d’une infirmière britannique qui vit en Australie est défoncée par un ex-petit ami enragé, qui arrose la jeune femme d’essence, y met le feu et la laisse pour morte.
Dans les airs, le phénomène est analogue. Devant la menace de passagers qui brusquement s’énervent et s’en prennent à l’équipage, aux autres passagers et même aux pilotes, certaines des plus grandes compagnies aériennes du monde ont fourni au personnel de bord des harnais spéciaux pour attacher les agresseurs violents à leur siège.
Celui qui est furieux éprouve ou affiche un vif sentiment de colère. Les accès de colère surviennent lorsqu’on la laisse monter jusqu’à ce qu’elle explose. Un homme est abattu alors qu’il est assis dans un bar de Prague, en République tchèque. Pourquoi ? Son assassin était agacé par la musique forte qu’il écoutait sur son baladeur.

Sur les routes, ‘ les événements violents ont augmenté d’environ 7 % par an selon un rapport de l’Institut de l’association automobile américaine pour la sécurité routière. Un automobiliste est tué à coups de crosse de hockey à un croisement au Cap, en Afrique du Sud. Son agresseur était apparemment furieux parce qu’il lui avait fait un appel de phares. “ Les altercations violentes sur les routes résultent rarement d’un seul incident. Elles semblent plutôt liées à l’état d’esprit de l’automobiliste et à une accumulation de stress chez lui ”, fait remarquer David Willis, président de l’Institut de l’association automobile américaine pour la sécurité routière.




Pourquoi de plus en plus de gens semblent-ils incapables de se contenir ? Qu’est-ce qui déclenchent les accès de colère ? Peut-on les maîtriser ? Le flot d’informations que nous sommes censés absorber chaque jour contribue à cette accumulation de stress. Au dos de son livre La surinformation (angl.), David Lewis dresse ce constat : “ De nos jours, un grand nombre de travailleurs sont noyés sous un déluge de données [...]. Submergés d’informations, [...] ils sont de plus en plus stressés, irréfléchis, paralysés par le désir de tout analyser. ” À titre d’exemple de ce déluge de données, un journal a déclaré : “ Une édition d’un quotidien contient autant d’informations qu’un lecteur moyen du XVIIe siècle n’en avait connaissance en toute une vie. ”
Ce qui entre dans notre bouche peut aussi favoriser la colère. Deux études importantes ont démontré que le tabagisme, l’absorption d’alcool et une mauvaise alimentation exacerbent l’agressivité. Ces habitudes très répandues intensifient le stress et la frustration, frustration qui se traduit par des jurons, l’impatience et l’intolérance.
Adam Graycar, directeur de l’Institut de criminologie d’Australie, décrit en ces termes la relation entre l’impolitesse et le crime : “ C’est peut-être en mettant de nouveau l’accent sur le respect et la politesse que nous franchirons l’un des plus grands pas vers une réduction des crimes mineurs. ” L’institut préconise de s’armer de patience, de se montrer tolérant et de s’abstenir des jurons. Si on ne le fait pas, affirme-t-il, on risque de changer un comportement brusque en un comportement criminel. Le paradoxe, c’est que beaucoup, pour atténuer leur frustration et leur stress, choisissent une forme de détente qui encourage à l’intolérance et à la colère. Comment cela ?
“ Les enfants et les adultes se ruent dans les cinémas pour regarder des scènes de mort et de destruction. Le marché des vidéocassettes violentes est considérable et lucratif. Les ‘ jouets guerriers ’ font toujours fureur auprès de nombreux enfants, même s’ils ne sont pas forcément du goût de leurs parents. Beaucoup, que ce soient les adultes ou les enfants, sont passionnés par la violence au petit écran. Or, la télévision joue un rôle important dans la transmission des valeurs culturelles ”, déclare un rapport de l’Institut de criminologie d’Australie. Quel lien cela a-t-il avec les explosions de colère qui ont lieu dans la rue ou au foyer ? Ce rapport conclut : “ Dans la mesure où une société ferme les yeux sur la violence, les valeurs des individus qui la composent évoluent en conséquence. ”

De nos jours, de nombreuses personnes pensent que décharger sa colère n’est qu’une réaction naturelle au stress, une réaction inévitable due au climat agressif et tendu qui règne dans notre société. On entend souvent : “ Quand la colère vous envahit, laissez-la sortir. ” Mais est-ce vraiment un bon conseil?

Tout comme un volcan en éruption cause des ravages parmi ceux qui vivent à proximité, une personne qui déchaîne sa colère porte préjudice à son entourage. Elle se fait aussi gravement du tort. De quelle façon ? “ Celui qui exprime sa colère devient encore plus agressif ”, lit-on dans la revue JAMA (The Journal of the American Medical Association). D’après des recherches, les hommes coléreux “ sont plus susceptibles d’être morts à 50 ans que ceux qui ne le sont pas ”.
Dans la même veine, l’Association américaine de cardiologie affirme : “ Les hommes qui ont des accès de colère courent deux fois plus le risque d’avoir une attaque que ceux qui se maîtrisent. ” Ces avertissements valent aussi pour les femmes. II est important d'aborder votre colère avant qu'elle ne vous cause de l'inconfort ou de la douleur. Elle peut aussi vous pousser à vous comporter d'une telle manière que vous pouvez perdre votre emploi ou vos amis, ou causer la rupture de votre ménage.



Dans JAMA, le docteur Redford Williams déclare : “ Il est peu probable que le conseil simpliste ‘ quand la colère vous envahit, laissez-la sortir ’ [...] soit d’un grand secours. Il est bien plus important d’apprendre à analyser votre colère, puis à la canaliser. ” Il suggère de se demander : “ 1) Cette situation est-elle importante pour moi ? 2) Mes pensées et mes sentiments sont-ils proportionnés aux faits réels ? 3) Puis-je modifier la situation de sorte que je ne sois plus obligé d’être en colère ? ”

Un tempérament colérique est mauvais pour la santé. Maîtriser sa colère, cela s’apprend. Et, tout le monde peut y parvenir s’il s’en donne la peine:
  • Si votre colère est causée par quelque chose au-delà de votre contrôle (comme une mise à pied par exemple), cherchez à savoir comment les autres ont réussi à faire face au problème et suivez leur exemple.
  • Evitez de vous jeter la pierre, même si vous êtes en colère en raison d'une malchance causée par votre propre faute. Il vaut mieux essayer de profiter de vos expériences et éviter de répéter les mêmes erreurs.
  • Réduisez votre tension en prenant le temps de faire de l'exercice physique. Allez marcher d'un bon pas, jouez un bon match de badminton avec des amis, travaillez dans Ie jardin ou nettoyez la maison.
  • Réduisez votre niveau de stress. Apprenez quelques techniques de gestion du stress, comme la relaxation et les exercices de respiration profonde. Essayez de trouver le moyen de faire davantage de choses que vous aimez.
  • Apprenez à méditer. Lorsque vous êtes seul, exercez-vous à détourner vos pensées de vos préoccupations quotidiennes. Cela pourrait vous aider à faire la même chose lorsque vous vous apercevez que vous vous emportez.
  • Apprenez à rire de vous-même. Si vous pouvez apprendre à voir le côté dérisoire des choses, vous pouvez en rire au lieu de vous emporter.
  • Apprenez à vous fier aux habiletés des autres. Une partie de votre irritation peut provenir d'un manque de confiance dans les habiletés des autres.
  • Parlez à quelqu'un en qui vous avez confiance (un membre de la famille, un ami cher ou un membre du clergé de votre religion) et qui peut être en mesure de voir les choses de façon plus claire que vous.
  • Recherchez de l'aide professionnelle. Si vos problèmes sont graves, vous avez peut-être besoin de l'aide d'un professionnel de la santé mentale, comme un psychiatre, un psychologue ou un travailleur social. Votre médecin de famille peut vous aider à trouver ces professionnels

Dans son livre Gérer sa colère : auto solutions pour les hommes (angl.), Frank Donovan fait cette recommandation : “ Fuir la colère ou, plus précisément, fuir les lieux et les autres personnes quand vous êtes en colère, est une stratégie précieuse dans les moments de colère la plus intense. ” Bertram Rothschild écrit dans le journal The Humanist : “ La colère [...] est avant tout un sentiment individuel. Les raisons de se mettre en colère se trouvent dans notre esprit. [...] Les quelques fois où la colère est bénéfique font pâle figure face à la multitude de fois où elle aggrave une situation. Il est de loin préférable de ne pas se mettre en colère que de la ressentir.”

La colère est aussi une réaction normale à certaines situations qui sont au-delà de notre contrôle. Cette réaction peut aussi vouloir dire que vous subissez trop de stress. En fait, la colère peut être saine à condition qu’elle ne soit pas systématique, abusive et exagérée. Si c’est le cas, apprenez à vous maîtriser. Vous vivrez mieux, plus harmonieusement et votre entourage vous en saura gré. N'oubliez pas que "l'homme lent à la colère a abondance de discernement, mais l'impatient exalte la sottise. L’homme stupide laisse sortir tout son esprit, mais le sage le maintient dans le calme jusqu’au bout.”

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